Jean-Claude Reynal, graveur
(Bordeaux 1938-1988)
Stanley William Hayter : Maître graveur
"La gravure était un art de copiste, nous en avons fait un art pour artiste".
C’est ainsi que s’exprimait Hayter, le maître aux illustres élèves.
S.W. Hayter est tout simplement "le maître". Celui qui a le plus influencé la gravure dans l’art moderne, tant par l’invention de techniques que par l’accueil, dans son légendaire Atelier 17, de quelques milliers d’ "associés", dont Chagall, Dali, Picasso, Miro, Kandinsky, Masson, Pollock, ou Rothko.
L’Atelier 17 n’est pas un lieu mais une idée
Dès le début, il y avait cette idée qui est demeurée : un groupe d’artistes disposant du matériel nécessaire pour explorer les possibilités de la gravure. N’imaginez pas que j’ai démarré avec une vision et une œuvre importante derrière moi. Non, j’avais 25 ans et la conviction qu’il fallait associer des gens pour faire des découvertes. Personnellement, en tant que chimiste, je pensais que j’avais quelques connaissances qui pouvaient être utiles. La gravure se pratiquait alors suivant des techniques du XIXè siècle. Un peu d’invention ne pouvait pas faire de mal.
L’Atelier 17 n’a pas inventé mais plutôt réinventé . L’impression sur plâtre, ou encore, la morsure intégrale, pour faire le fond d’une estampe sans recourir au burin, ce sont des découvertes. Mais l’impression de blancs en relief est une application du bois gravé japonais, tout comme l’impression de fragments de métaux gravés et posés sur la plaque ne fait que développer ce que réalisa William Blake dans des poèmes illustrés.
Toutes ces techniques diverses et mal connues (pointe sèche, bois gravé,,eau-forte, aqautinte, photogravure…) se ramènent quand même à un principe unique : reproduire ce qui a été , d’une manière ou d’une autre, dessiné et peut-être mis en couleur sur une plaque, en pressant une feuille contre elle.
Je me suis souvent demandé ce qui méritait d’être propagé si loin dans nos expériences ; je crois qu’on a imaginé la gravure comme un moyen d’arriver à quelque chose qui n’était pas réalisable autrement. Il ne s’agissait pas seulement de produire ce que ni le pinceau ni le crayon ne pouvait faire mais d’arriver à une œuvre dont le résultat ne pouvait être conçu qu’à travers sa réalisation. Et ça, c’était nouveau……
Compositions abstraites exécutées
à l'Atelier 17
(cliquer sur l'image pour agrandir)
Photo Bibliothèque Royale de Belgique, Cabinet des Estampes